17.

Action et conséquences

Matt lâcha la hache et ils se remirent à courir aussi vite que possible glissant dans les virages, sautant les marches, enfonçant les portes coupe-feu plus qu’ils ne les poussaient. Tobias dérapait sur le carrelage pour prendre un virage lorsqu’une fenêtre toute proche explosa et que deux longues pattes surgirent pour tenter de le saisir. Il parvint à éviter les griffes en roulant au sol.

Le plafond se mit à grincer. Elles les suivaient également par l’étage supérieur. Elles étaient partout.

Ils débouchèrent dans une vaste salle pleine d’étagères à moitié vides : la bibliothèque. Ils n’eurent pas le temps de reprendre leur souffle qu’une araignée, bientôt imitée par d’autres, jaillissait sur les rayonnages qui commencèrent à basculer. Les unes après les autres, toutes les rangées s’écroulèrent comme un jeu de dominos géants. Ambre, Tobias et Matt fusaient vers le centre de la pièce en essayant d’aller plus vite que les meubles qui vacillaient de part et d’autre. Les araignées bondissaient dans les hauteurs, nullement gênées par le mouvement des bibliothèques qui se propageait telle une vague.

Plusieurs fenêtres volèrent en éclats.

Matt comprit qu’ils ne pourraient aller plus loin. Ils allaient se faire encercler. Il fallait combattre.

Il y en a trop ! Jamais on ne pourra toutes les repousser !

Les trois adolescents ralentirent et se mirent dos à dos pour faire face au danger. Il était partout. Au plafond, sur les murs, dans les allées : des dizaines d’araignées approchaient en même temps, stridulantes.

Quelque chose fendit l’air et l’une des créatures s’effondra, terrassée sur le coup. Puis une autre.

Un groupe de guerriers Kloropanphylles se tenait près des fenêtres brisées, arcs tendus et lances en main. Matt fut stupéfait. Ils étaient si bien organisés qu’une demi-douzaine d’entre eux parvenaient à tenir en respect vingt, puis trente araignées. Torshan était parmi eux, il leur fit signe d’accourir. Une fois à leur niveau, Ambre voulut s’excuser :

— Nous sommes vraiment désolés, nous ne voulions…

— Ce n’est pas le moment, venez, suivez-moi !

Il les entraîna par les fenêtres du premier étage jusqu’à un large balcon. Plusieurs sphères de bois semblables à celles qui les avaient remontés la première fois flottaient au niveau de la balustrade. Sous la protection des guerriers Kloropanphylles, ils se hissèrent à l’intérieur et en moins d’une minute toute l’unité fut évacuée.

Le bruit de l’ascension détendit Matt, le frottement des branches, la sensation de vertige et les craquements de la sphère, tout cela le rassura. Il se tourna vers Torshan qui partageait leur nacelle :

— Merci, dit-il.

Torshan se contenta de lui tendre la main. Matt y déposa le sifflet, très embarrassé.

— Nous ne pensions pas à mal, vous le savez, continua-t-il. C’était juste pour… savoir qui vous êtes vraiment. Vous ne nous aviez pas tout dit !

Torshan l’ignora, le regard fixé dans le vide, et Matt comprit qu’il ne servait à rien d’insister.

Ils retrouvèrent le navire amiral des Kloropanphylles, le Vaisseau-Matrice d’où les nacelles étaient lancées, puis furent débarqués sur le quai où les attendaient plus de cinquante personnes au visage fermé.

Brusquement, Matt réalisa que les gardes autour d’eux n’étaient plus là pour les protéger mais pour les escorter. La foule s’écarta et Orlandia, la grande capitaine, apparut. Expression dure et regard de braise.

— Vous avez commis un acte de trahison, lança-t-elle. Aussi êtes-vous désormais nos prisonniers. Le conseil des Femmes se réunira demain soir pour statuer sur votre sort. Gardes, emmenez-les.

Avant que Ambre puisse répondre, les soldats en armure de chitine les poussaient brutalement vers les hauteurs jusqu’à une série de petites pièces en bois suspendues par des cordes au-dessus du vide. Les trois furent séparés, chacun dans sa cellule, avant que les gardes ne s’éloignent.

— Et voilà ! soupira Ambre à travers les barreaux de la porte.

— Bon, d’accord, dit Tobias, on a fait une bêtise, mais ils ne vont pas nous laisser là-dedans jusqu’à demain soir tout de même ?

— Qu’est-ce qu’ils vont faire de nous d’après vous ? demanda Matt.

Tobias, l’imagination toujours fertile, fut le plus prompt à proposer :

— Nous donner à manger à l’une des créatures immondes qui vivent sous la mer Sèche ? Sans blague, vous croyez qu’ils vont nous tuer ?

— Ce n’est pas leur genre, répliqua Ambre. Par contre ils pourraient nous bannir. Comme ce garçon que nous avons vu le premier jour.

— Ce serait nous condamner à mort, fit Matt d’un ton lugubre. Nous le savons désormais, la Forêt Aveugle est impossible à traverser par le bas, trop dangereux. Je crois qu’il faut se préparer à plaider notre cause. Que sait-on de plus qui pourrait nous servir ?

— Nous savons que nous avons été trop loin, déclara Ambre, que nous n’avons pas voulu leur faire confiance alors qu’ils nous ouvraient leurs portes, nous les avons trahis ! Franchement, il n’y a aucune excuse à se chercher ! C’était une mauvaise idée depuis le début et je le savais !

— Alors on fait quoi ? demanda Tobias, tout penaud.

— Plus rien ! s’énerva Ambre. Ils vont nous bannir et ils auront bien raison !

Du fond de son cachot de bois, Matt secoua la tête.

— Je ne redescends pas dans cette forêt, dit-il, nous n’y tiendrons pas deux jours. Il faut trouver une solution.

— Je n’en ai pas à vous proposer, lâcha Ambre, agacée. Je crois que nous avons suffisamment agi bêtement.

Ils se turent. Chacun garda le silence et s’allongea sur la paillasse qui leur servait de lit. Malgré l’heure tardive, aucun d’eux ne trouva le sommeil.

Ils songeaient à ce qu’ils avaient fait et plus encore à ce qu’ils allaient devenir.

 

Au petit matin, l’agitation du Nid les réveilla, courbaturés et encore épuisés. On leur apporta un repas constitué de fruits et d’un bouillon épais, sans un mot. La journée ne leur offrit aucune visite. Et lorsque le soleil vint se coucher sur l’horizon de la mer Sèche, l’Alliance des Trois songea au conseil des Femmes qui se rassemblait au même moment pour décider de leur sort.

Les lumières argentées illuminèrent la ville dans et autour des grands arbres, puis peu à peu, elles s’éteignirent pour plonger le Nid dans la torpeur de la nuit.

Soudain, une lanterne apparut au bout de la passerelle et une silhouette enveloppée d’un grand manteau à capuche se glissa jusqu’aux cachots. Elle s’accroupit à leur hauteur et chuchota :

— Vous serez bannis demain matin. Je vous ai défendus contre mes sœurs mais c’était peine perdue.

Le halo de la lanterne caressa les traits de son visage. Clémantis.

— Vont-ils nous rendre notre matériel, nos armes ? demanda Matt.

— Je l’ignore. Vous serez obligés de descendre dans les profondeurs.

— Alors nous allons mourir, n’est-ce pas ? fit Tobias d’une petite voix craintive.

Clémantis ne répondit pas. Elle garda le silence un moment, puis ajouta :

— Je sais que vous n’avez pas agi en pensant à mal, hélas, le conseil a décidé qu’on ne pouvait plus vous faire confiance, que vous étiez une menace pour notre équilibre et notre sécurité.

Ambre sortit de sa réserve pour dire :

— Je comprends. Vous nous avez ouvert vos portes et nous avons enfoncé celles qui ne devaient s’ouvrir qu’avec le temps, rien que pour satisfaire notre curiosité. Notre comportement est inacceptable. Et pourtant vous avez pris des risques en venant nous chercher en bas.

— Jusqu’au conseil de ce soir, vous faisiez partie de notre communauté, et nous ne laissons jamais tomber les nôtres. (Elle hésita avant d’ajouter :) Il y a une dernière chose que vous devez savoir. Si par miracle vous survivez dans les abysses, abandonnez votre idée de rejoindre les terres du Sud.

— Pourquoi cela ? interrogea Matt dont la curiosité était soudain en alerte.

— La vérité est que nous connaissons cette reine. C’est un secret bien gardé ici, une poignée seulement est au courant pour ne pas semer la confusion et la panique. Il y a plusieurs semaines, nous avons eu un contact, l’une de nos patrouilles est descendue de la mer Sèche, par son bord sud. Pour voir ce qui s’étendait au-delà. Elle s’est fait aborder par des hommes, des adultes en armures noires, avec des étendards rouges. Ils ont voulu nous emprisonner, au nom de leur reine Malronce, c’est ainsi qu’ils l’appellent. Elle est mauvaise, tout comme ses hommes. Notre patrouille s’est enfuie, mais trois d’entre nous l’ont payé de leur vie. Il ne faut pas aller au sud. C’est un lieu dangereux. Ces gens sont cruels. Si vous le pouvez, rentrez chez vous, le monde a changé, nous ne pouvons plus compter sur les adultes, et regardez, même entre nous, les différences nous poussent à tant de méfiance, nous ne sommes pas encore prêts. À présent je dois vous laisser, je n’ai pas le droit de vous parler.

— Non ! Attendez ! implora Matt. Cette reine, Malronce, que veut-elle ? Pourquoi ordonne-t-elle d’enlever tous les enfants ?

— Je l’ignore. Quoi qu’ils en fassent c’est assurément abominable. Maintenant vous savez ce qui vous attend, vous avez la nuit pour vous y préparer. Adieu.

Clémantis se redressa et disparut rapidement dans le dédale des couloirs.

— On ne peut attendre ici sans rien faire, lança Matt, il faut sortir de ces cages !

— Et après ? demanda Tobias.

— Je crois savoir où se trouve notre équipement, il y a une grande réserve près de la salle d’armes où je me suis entraîné. Tobias, tu penses pouvoir manœuvrer l’un de leurs navires ?

— Cette nuit ? Non ! Je connais à peine le nom et l’utilité de chaque instrument, je serais bien incapable de le faire naviguer !

— Tant pis, il faut tenter notre chance.

Ambre intervint sèchement :

— Les Kloropanphylles nous ont accueillis, nous les avons trahis, et maintenant vous voulez leur piquer un de leurs bateaux ? Vous ne croyez pas que nous avons assez fait de dégâts comme ça ?

— Si on ne fait rien, demain matin nous serons condamnés à redescendre là-dessous ! pesta Matt en tendant le bras entre les barreaux pour montrer la cime de la forêt. Autant dire que nous serons morts avant le coucher du soleil !

— Je me demande si je n’ai pas fait une erreur…, marmonna Ambre.

— En nous suivant, c’est ça ? Trop tard pour les regrets, nous sortons cette nuit, et nous sortons tous les trois, je ne laisse personne derrière. Si tu ne veux pas, alors nous serons bannis ensemble, nous sommes l’Alliance des Trois. Tous ensemble quoi qu’il arrive. C’est toi qui décides.

Ambre se rapprocha de la cellule de Matt.

— Si on sort d’ici je voudrais que vous me promettiez de ne plus agir comme… comme des mecs ! Vous êtes trop impulsifs ! Ça finira mal ! Le plan d’hier je ne le sentais pas mais vous n’avez pas voulu m’écouter !

— C’est promis, répondit Tobias aussitôt, sur le ton des excuses. Tu as raison, nous ne t’avons pas écoutée.

Matt marmotta quelque chose qui ressemblait à un assentiment.

Puis il attrapa les barreaux en bois de sa porte et commença à tirer dessus, de plus en plus fort. Il y eut un craquement sec avant même que l’adolescent n’ait à user de toutes ses forces ; il avait arraché une partie de la grille. Il se faufila à l’extérieur et délivra ses compagnons de la même manière.

— Je fonce à la réserve pour essayer de récupérer notre matériel et nos armes, dit-il, pendant ce temps Tobias tu vas préparer le bateau et Ambre tu fais le plein de provisions aux cuisines, ça vous va ?

— Je ne crois pas que je pourrai faire partir le bateau, avoua Tobias.

— Tu dois y parvenir.

Matt descendit de son côté dans les entrailles du chêne principal et n’eut pas à forcer la porte de la réserve qui était ouverte. Leurs sacs, leurs armes et tout ce qu’ils possédaient y était entreposé dans un coin. Matt se harnacha et fila dans les couloirs les bras pleins, croulant sous le poids de leur équipement.

Tobias leur avait indiqué sur quel navire il avait débuté sa formation et il traversa le quai en silence pour y embarquer. Le poste de vigie le plus près était trop haut pour pouvoir le distinguer à moins que le garde ne se penche. Matt avait le ventre noué par la tension. Il suffisait d’un bruit ou d’un insomniaque pour donner l’alerte. Qu’adviendrait-il d’eux ensuite ?

Matt trouva Tobias dans la cale principale, affairé à remplir deux grandes cages en verre de feuillage.

— Je nourris les Souffleurs pour qu’ils produisent de l’air chaud et gonflent les ballons ! expliqua-t-il.

— Et ça va prendre longtemps ?

— Absolument aucune idée !

— Tobias, faut qu’on parte avant le lever du jour.

— Je sais, je sais !

Tobias courait pour entasser le plus de feuilles possibles pour les limaces, puis il suivit du doigt les tuyaux qui partaient des aquariums jusqu’à atteindre les molettes. Il les tourna toutes et remonta sur le pont.

Matt était inquiet pour Ambre qui n’était toujours par revenue.

— Aide-moi ! commanda Tobias. Défais toutes les cordes accrochées là-bas. On va libérer les ballons.

Matt s’exécuta tout en jetant des coups d’œil réguliers vers les quais espérant voir Ambre apparaître.

— Les vigies vont nous voir quand on quittera le Nid, n’est-ce pas ? questionna Tobias.

— La lune est en partie masquée par les nuages, avec un peu de chance, on passera inaperçus si on n’allume aucune lumière. Au pire, nous aurons un peu d’avance le temps qu’ils donnent l’alerte et qu’ils préparent un bateau pour nous pourchasser.

— Tu crois qu’ils feraient ça ?

— Pas pour nous, Tobias, mais pour récupérer ce qu’on leur vole ! Tu imagines un peu le temps et l’énergie que ça leur a pris de construire ce voilier ?

Les ballons commençaient à se gonfler au-dessus d’eux. L’opération allait prendre bien moins de temps que Matt ne l’avait craint. Il aida Tobias à préparer les voiles. Ce dernier se débrouillait bien mieux qu’il ne l’affirmait, même s’il faisait et refaisait parfois trois fois le même nœud sans parvenir à se décider s’il fallait ou non attacher telles et telles cordes ensemble.

Après une heure, le navire, long comme un wagon, commença à se soulever. Les amarres qui le maintenaient à quai se tendirent et grincèrent affreusement.

— Tobias ! s’alarma Matt entre ses dents. Il faut les défaire tout de suite avant qu’ils ne réveillent le Nid !

— Si on fait ça je ne saurai pas maintenir le bateau à quai ! Tant que Ambre n’est pas à bord on ne peut pas !

Les cordes se tendaient de plus belle, et tout le bâbord se pencha en arrachant une plainte à la coque.

— Coupe-les ! ordonna Matt en attrapant une longue gaffe.

Il se servit du crochet à l’extrémité de la perche pour agripper les planches du quai. Tobias trancha les amarres avec son couteau de chasse, une par une, en grimaçant sous l’effort. Soudain, le navire libéré retrouva son équilibre et allait s’éloigner du Nid lorsque Matt tira sur la gaffe pour le garder contre la jetée. Les planches craquèrent. La première se fendit, puis la seconde.

— Ambre ! fit Tobias. Elle arrive !

Matt serrait de toutes ses forces la perche de bois, mais le poids du bateau était trop important. Il ne tiendrait plus longtemps.

Ambre lança plusieurs sacs à bord, puis de lourdes gourdes avant de se hisser avec l’aide de Tobias.

La troisième et dernière planche céda et Matt s’effondra sur le dos.

— Il faut faire monter les voiles ! prévint Tobias. Et vite ! Sans ça on n’avancera pas !

— Et s’il n’y a pas de vent ? s’alarma Matt en se relevant.

— N’oublie pas que nous sommes à près de mille mètres d’altitude, il y en a toujours. Allez, venez, je n’y arriverai pas tout seul.

Suivant les instructions de Tobias, ils firent prendre le vent à trois cerfs-volants de grande taille qui eux-mêmes entraînèrent d’autres voiles plus nombreuses, et plus celles-ci prenaient de la hauteur et se gonflaient, plus elles tiraient sur de nouvelles voiles de plus en plus grandes. En un quart d’heure il y avait assez de voilure dans le ciel, à l’avant du navire, pour tracter la tonne de bois au-dessus du feuillage.

— Je vais faire descendre le gouvernail dans la cime ! s’écria Tobias dès qu’ils furent à une centaine de mètres du Nid.

Matt s’approcha d’Ambre.

— Tout s’est bien passé ? Tu as été sacrément longue et j’avoue m’être un peu angoissé.

— Oui.

La réponse était trop laconique. Matt s’interrogea : lui en voulait-elle pour les avoir mis dans ce pétrin ou lui cachait-elle quelque chose ?

— Quelle direction on prend ? demanda Tobias depuis l’arrière.

Matt observa Ambre un instant avant de partir rejoindre leur pilote, une boussole à la main.

— Le sud ! L’extrémité sud de la Forêt Aveugle. En route pour le pays Cynik et pour les terres de cette Malronce.

Matt jeta un dernier coup d’œil à Ambre. Elle guettait le Nid et ses dernières lueurs.

Autre-monde 2 - Malronce
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